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Ces parfums d’été que l’on porte à la rentrée

Il y a dans certains parfums un refus obstiné de la saison.

Comme une robe d’été qu’on prolonge sous un manteau, ou un souvenir que l’on convoque quand tout s’efface, ces sillages gorgés de soleil n’ont pas dit leur dernier mot. Ils parlent d’une lumière qui résiste, d’une peau encore tiède malgré l’air qui fraîchit, d’un hédonisme discret que la rentrée ne saurait étouffer.

Ce sont des parfums de seuil : entre deux lumières, deux états, deux élans.

À l’heure où les villes reprennent leur rythme syncopé, certains bouquets persistent à ralentir le pas. Ils capturent une fin d’été suspendue, une joie calme, une élégance sans tension.

Les porter en septembre, c’est faire du contretemps une posture, et de la nostalgie un art de vivre.

1/ Un Été Français – Céline

La maison propose une escapade olfactive vers Saint‑Tropez, en fin d’après-midi : bergamote lumineuse, petit‑grain et néroli s’entrelacent autour de la fleur d’ajonc, comme un souvenir doré venu des plages du Midi. Une vanille poudrée, subtilement couture, prolonge cette traîne soyeuse, tandis que le flacon : verre massif au bouchon laqué noir, orné du « Triomphe », fait écho à un minimalisme élégant, tout en géométrie et en sobriété. Le chic d’Un Été Français

2/Sun Song – Louis Vuitton

Cette fragrance est écrite comme un matin de juillet figé dans un sillage : la fraîcheur pétillante du citron et du petit‑grain s’épanouit dans la douceur florale du néroli et de la fleur d’oranger, avant de s’apaiser dans un velouté de musc. Le tout vibre comme un rayon solaire capturé dans le verre. Sentiment d’éclat et d’élégance décontractée s’y lisent clairement. Avec Sun Song, Jacques Cavallier Belletrud signe un hommage lumineux à l’évidence. Pas de complexité superposée ici, mais une forme de pureté volontaire, presque méditative. Le parfumeur, maître des contrastes subtils, explore l’idée d’une lumière parfumée : une fleur d’oranger débarrassée de toute opulence, rendue diaphane par la vivacité du citron et adoucie par la délicatesse verte du petit grain. Un accord solaire, oui, mais sans surcharge,  une composition à la transparence travaillée, comme un tissu fin laissé au vent.

La base musquée, elle, vient lisser les contours. Rien d’animal ni de poudré : juste une présence douce, propre, enveloppante, qui donne au parfum sa tenue feutrée, presque seconde peau.

3/Sel d’Argent – BDK

C’est un souffle venu du large, une brise salée qui vous dépose, presque par surprise, sur une plage de la rive sud d’Ajaccio, un roman d’Hemingway dans une main, les pieds enfouis dans le sable fin. Sel d’Argent évoque moins un lieu qu’un moment suspendu : l’éclat du soleil sur les rochers, le silence vibrant de la mer, la chaleur végétale des pins.

La bergamote italienne et le pamplemousse ouvrent le bal avec éclat, relevés d’un accord salé qui évoque le grain des cristaux de mer sur la peau. Le cœur floral, ylang-ylang et fleur d’oranger, réchauffe l’ensemble d’une douceur solaire. Puis vient le galbanum, vert et vif, qui imprime à la composition un sillage plus brut, plus terrien.

En fond, les muscs blancs, l’ambroxan et le cashmeran déposent sur la peau une sensualité diffuse, presque lactée. Une fraîcheur texturée, naturelle, presque instinctive, comme si l’air marin s’était fait parfum.

4/Valaya Exclusif – Parfums de Marly

Il y a dans Valaya Exclusif cette idée d’un vêtement invisible, soyeux et structuré, qui épouse la peau avec une élégance discrète mais assurée.

L’ouverture, nette, lumineuse, mêle la mandarine juteuse à une bergamote italienne bien dessinée, tandis qu’une note d’amande veloutée apporte d’emblée un effet de texture, comme un grain de peau amplifié. Très vite, le cœur floral se déploie dans une blancheur sophistiquée : fleur d’oranger, notes poudrées, bouquet d’ombre et de lumière. Il ne s’agit pas ici de fleurs capiteuses, mais d’un clair-obscur olfactif, feutré, maîtrisé.

Puis vient le sillage, dense et persistant, dans lequel l’akigalawood (cette molécule vibrante aux facettes boisées-épicées) dialogue avec un bois de santal lacté, une vanille douce et l’ambroxan moderne. Une trame contemporaine, enveloppante, où la matière s’efface presque pour laisser place à la sensation.

Pensé comme une double peau, Valaya Exclusif propose une féminité sans emphase, toute en textures et en retenue, qui prolonge le corps au-delà du visible. Julien Sprecher, fondateur de la maison, en parle comme d’une fragrance de présence. Et c’est exactement ce qu’elle incarne.

5/Portofino ’97 – Victoria Beckham

C’est un parfum comme un souvenir estival que l’on aurait cousu à l’envers d’un chemisier blanc : Portofino ’97 déroule ses notes comme on entrouvre les volets sur une chambre baignée de lumière. La bergamote de Calabre s’y exprime en tête, fusante, éclaboussée d’un poivre noir qui apporte une vibration presque tactile, immédiate.

Très vite, le cœur s’épanouit : ambre et encens s’enlacent sans jamais saturer l’espace, dessinant cette sensation d’intimité fraîche après une sieste ensoleillée.

La base, elle, s’ancre dans un sillage de vétiver et de patchouli. Le tout suggère une romance estivale, une ode au premier rendez-vous de Victoria et David sur la côte italienne, le tout déposé dans un flacon.

6/ Elae – Trudon

Elae, un nom presque sacré, comme une lumière d’église filtrée par les vitraux. Un floral blanc, mais pas innocent. Plutôt une présence : élancée, solaire, enveloppante, qui avance à pas feutrés.

Composé par Yann Vasnier, Elae s’ouvre sur une facette lumineuse, presque dorée : néroli, orange douce et ylang-ylang y jouent une partition presque céleste. Mais très vite, la blancheur bascule. Le jasmin sambac, indolent, s’épaissit, la tubéreuse s’installe, suave, charnelle sans devenir capiteuse. Ce cœur palpite comme un souffle chaud au creux d’une nuque.

Puis, en fond, un accord musqué et boisé (bois de santal, ambroxan, patchouli) ancre la composition dans une sensualité texturée.

Elae, c’est la féminité selon Trudon : incarnée, mais insaisissable.

7/Absinthe Boréale – Maison Crivelli

Il y a des parfums qui racontent une histoire, et d’autres qui vous plongent sans préambule dans un climat. Absinthe Boréale, signé par Nathalie Feisthauer pour Maison Crivelli, appartient à cette seconde catégorie : une fragrance qui saisit d’abord par son contraste thermique, presque polaire. Joli paradoxe qu’un jus qui convoque l’hiver en cette fin d’été…

La fragrance s’ouvre sur une fraîcheur saisissante : menthe, eucalyptus, citron : une lumière bleutée, presque métallique, qui évoque le craquement du givre sous les pas.

Puis la tension se dilue dans une lavande lactée, douce comme une laine fine sur une peau encore fraîche. L’armoise et le musc prolongent l’écho végétal dans une brume blanche, soyeuse, silencieuse. Un souffle glacé, comme une gorgée d’absinthe sous un ciel d’aurores boréales.

8/Eaux d’Artifice – Fendi

Le nom évoque une flamboyance, un jaillissement, mais la composition choisit la retenue. Eaux d’Artifice, imaginé par Jérôme di Marino et pensé par Delfina Delettrez Fendi, n’explose pas : il ruisselle. Comme l’eau sur le marbre de la fontaine de Trevi, qui a inspiré cette fragrance hommage à Rome, la Ville Éternelle. 

Dès l’ouverture, la bergamote s’impose rehaussée par la verdeur tendre de la feuille de figuier et la sécheresse fusante du genièvre. Au cœur, une note ozonique effleure, plus atmosphérique que véritablement aquatique, tandis que le fond boisé s’ancre avec une légèreté presque architecturale. On y retrouve cette beauté minérale, cette fraîcheur ciselée, presque joaillière : un éclat clair, sans ostentation, comme la caresse d’un bijou froid sur la peau nue.

9/Soleil Lunar – Lalique

Ni solaire, ni lunaire, mais l’écho délicat de l’un dans l’autre. Soleil Lunar explore ce moment suspendu entre le jour et la nuit, quand la lumière décline sans s’éteindre. La mandarine s’ouvre sur une clarté vive, vite adoucie par la douceur blanche du magnolia et l’étrangeté narcotique de la dame de nuit. L’héliotrope poudre le cœur, presque en secret.

Mais c’est le fond qui imprime sa signature : un souffle minéral, frais, comme la trace d’une peau salée à la tombée du soir. Ambre gris, musc, mousse cristalline.  Joli clair-obscur.

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